Le tourisme. Une illusion ? 1

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TourismeFaçade du tourisme.


Qu'est-ce que le tourisme ?


C'est la commercialisation d'un loisir formaté, banalisé, organisé, encadré, dirigé et commandé.


La notion de tourisme prend ses racines dès les premiers congés payés en 1936, cette soudaine liberté et ces vacances nouvelles que ne pouvaient se payer, avant, que les riches bourgeois vivant de leurs rentes. (Imagé pour plus de compréhension)


L'origine du mot tourisme se caractérise par la visite d'étrangers dans un pays, quel qu'il soit et, par la suite immédiate, d'un déplacement de population d'un point à un autre du même pays.


Le tourisme de masse n'a vraiment été lancé qu'à la fin des années 1970, les évènements de Mai 1968 ont bouleversé beaucoup de choses, la "libéralisation" du peuple qui se considérait esclave de son travail et de son employeur.


Mai 1968 n'a pas apporté que du bien, la liberté supposée être bénéfique a amené à découvrir l'envers du décors, à savoir un excès de liberté qui a occulté certaines limites jusqu'à approuver des situations complètement farfelues.


Progressivement, de 50 à 60 heures de travail par semaine (Clemenceau à imposé les 48 heures en 1919) on en est aujourd'hui à être régi par des "normes" constitutionnelles limitant le travail hebdomadaire à 35h00 par semaine bien que la tendance soit plutôt au retour des 40h00 ces derniers mois.


Ce temps libre, organisé par chacun selon ses désirs, a créé un phénomène d'évasion d'un environnement routinier pour aller s'aérer dans d'autres contrées, si possible contraires au train-train quotidien.


L'allongement des congés et les "fausses" facilités financières apportées par le crédit facile ont fait que de plus en plus de gens, même ceux qui sont modestes, parviennent à s'offrir un séjour de dépaysement d'une semaine l'hiver et deux semaines l'été, le reste des congés étant réservés aux visites familiales ou aux évasions de week-end prolongés grâce aux RTT.


On peut donc accepter le principe que le vrai tourisme de masse date du début des années 1980.


cote-dazurLa côte d'Azur.


En fut le meilleur promoteur dès le début, paysages idylliques choisis sous un éclairage subtil et des photos arrangées.


Pour le salarié parisien qui passe entre 12h00 et 14h00 dehors (Ou Lyon, ou Marseille, ou autres, ce n'est qu'un exemple), transport compris, ces images sont très alléchantes, c'est le rêve de beaucoup de monde et je les comprends.


J'ai vu construire la Grande Motte sur la méditerranée dans les années 1980, chauffeur routier je faisais beaucoup de livraison sur le littoral pour diverses entreprises de construction et d'aménagement.


Me concernant, je trouve que la Grande Motte c'est le summum de l'horreur et la transposition d'un élément citadin en bord de mer, mais ça n'engage que moi, je suis juste à me demander ce qui peut bien faire la différence entre une HLM de Sarcelle ou Bobigny d'une HLM de bord de mer. Bref, passons.


J'ai vu se construire la presque totalité de toutes les HLM de France à la même date, l'étincelle de ce dévorant enthousiasme des premiers promoteurs immobiliers pour les cubes à dormir fut déclenché par l'arrivée massive des pieds-noirs rapatriés d'Algérie en 1962/1963, un des pires hivers du XXème siècle, un enfer pour ces gens qui arrivaient d'une région de pleine chaleur à se retrouver à Orly par moins quinze degrés sous zéro en chemisette et espadrilles. (Roissy n'existait pas)


J'ai vu se monter la Défense à Paris, qui n'était encore que les villes de Courbevoie, Puteau et Nanterre, ainsi que presque toutes les HLM de la proche banlieue parisienne, La Courneuve, Bobigny, Sarcelle, Nanterre, Villejuif, Trappes, etc..


Considérant ce que je connais, je me mets à la place de ces gens arrivés d'un pays de soleil et de convivialité (Et oui, en dehors de la période de la guerre d'Algérie les habitants de ce pays sont des gens très accueillants et très sympathiques) subitement entassés dans des "cages à lapins" en béton même pas encore sec qui, du 1er étage, entendent en pleine nuit pisser (Ou autres) celui qui habite au 7ème.


Une promiscuité délirante génératrice de stress et de conflits.


Alors la promesse de quelques jours dans un semblant de "pays" abandonné à la hâte c'est alléchant.


Le tourisme de masse à la française commence à se faire jour.


Toutefois les Lobbys commerciaux n'existent pas encore, la notion de liberté est encore présente puisque rien ne vient encore conditionner les gens à fonctionner comme le veulent maintenant les grands trusts du commerce de masse.


1975 françois ihuel1975, Melun-Villaroche (77).


Dans les années 1970 les transports en commun étaient essentiellement actifs dans le domaine du service privé local et public en dehors de la RATP.


Dans ces années, de mes débuts dans les transports en commun, j'avais déjà ma minuscule maison dans ce briançonnais que je découvrais personnellement après y avoir livré en camion.


Basé en région parisienne par nécessité professionnelles j'effectuais surtout des trajets "services d'usines", sportifs, scolaires et périscolaires.


Mon employeur de cette époque, Athis-Cars qui avait une succursale à Réau près de Melun, me confiait parfois quelques sorties touristiques, surtout vers Dieppe et le Tréport.


Pas avec ce car-là qui est un S45 Motorisation Fulgur, avec un S 53 MAN carrossé Jonquière, pour ce genre de sortie, c'était le top du car à l'époque.


Ce n'était pas du tourisme dans le sens où on l'entend aujourd'hui mais souvent des voyages organisés par des associations ou des entreprises.


Mais déjà du tourisme orienté vers le commerce et la dépense.


Les visites se faisaient au pas de courses, le temps était compté pour les groupes qui n'avaient pas le temps de découvrir grand-chose en dehors d'acheter des dépliants sur les monuments aperçu trop rapidement.


Le repas du midi dans un restaurant bien précis (Le chauffeur ne payait pas le repas) en 45 mn.


bus_currus_cityrama_entete-980x500.jpgAutocar Licorne de Cityrama, un des premiers de chez Lecaplain transporteur à Massy, il est resté dans la cour pendant des années et j'ai eu l'occasion de monter dedans, il fallait en vouloir pour conduire çà. On le voit aussi dans le film Le Corniaud avec Bourvil et De Funès.


2001 Les Cars ROGER à BrienonE7 "couchette" carrossé Jonquière.


Dans les années 1980 les cars se sont améliorés, le présent, ci-dessus, était le summum du confort, moteur incassable de 320 CV, vitesse 110/120 km/h boite à relais électrique 16 vitesses. Inconvénient 45 litres de gasoil au 100 km et moteur bruyant.


2001 Les Cars ROGER à Brienon 001Mercedes Drogmuller 1986.


Une bombe sur la route, moteur de 380 CV, les régulateurs de vitesse n'existaient pas encore et il fallait être vigilant pour ne pas se laisser bercer par le confort du véhicule, on montaient à 130 km/h comme une fleur sans s'en rendre compte tellement ce véhicule était performant et sécuritaire.


Possédant déjà une porte centrale et des toilettes je faisait souvent des sorties "touristiques" sur les châteaux de la Loire, les sorties montagne stations de sports d'hivers, la côte Atlantique et les plages du débarquement. (Pas avec ce véhicule ni cette entreprise, une autre sur Paris)


Les visites se faisaient de façon plus confortables pour les voyageurs, on ne parlait pas encore de clients ni de touristes comme on l'entend aujourd'hui.


Sur 4 ou 5 journées, les nuits à l'hôtel et les repas dans des restaurants choisis par l'agence de voyage, l'effet tourisme "commercial" commençait à se faire plus présent.


Mal payé et fatiguant, il n'était pas besoin d'avoir deux chauffeurs, la législation des transports, balbutiante, n'avait pas encore établi les critères draconiens actuels, un bien pour la profession mais un grand mal pour les transporteurs qui voient, de ce fait, leur marge fondre comme neige au soleil.


Mes semaines de travail comptabilisaient environ 90 heures.


Les clients voyageurs dépensaient de plus en plus, les accommodements entre les agences de voyage et les commerçants se faisaient de plus en plus fréquents (Aujourd'hui c'est le commerce qui organise une sortie via l'agence de voyage), le but n'étant plus tant de faire visiter des monuments aux clients mais de les déposer dans des endroits stratégiquement commerciaux pour le fric.


Le tourisme de masse lucratif a commencé.


C'est dans ces mêmes années que les stations de ski se sont développées de façon fulgurante, les promoteurs immobiliers ont construit des fortunes sur ce tourisme "gogo" et tout ce pognon bon à prendre, même aux moins nantis grâce aux sociétés de crédit qui ont trouvé, là, une manne considérable à exploiter, et ça marche. 


En 1963 j'étais à Villard-de-Lans dans le Vercors, village de neige familial, pas encore station de ski à grand rendement comme il en existe encore quelques-unes aujourd'hui (Saint Sorlin d'Arves notamment, dans la Maurienne) mais pour combien de temps encore. J'y suis retourné en 1994, un désastre, je n'ai pratiquement plus rien reconnu.


Les stations de ski de maintenant ce sont des usines à pognon, la pompe à fric dans laquelle on investi toujours massivement pour rapporter plus.


Tout est bon pour tirer le moindre centime du tourisme de masse, les gens ne vont plus se dépayser à la montagne il vont consommer de la neige au prix fort.


C'est ce qu'est devenue Serre-Chevalier et ce que voudrait que devienne Briançon pour certains.


Savoir, toutefois, que ce tourisme de masse ne rapporte pas un centimes aux autochtones, ces derniers travaillent pour un salaire de misère dans leur contrées défigurées au nom du fric sans qu'ils en bénéficient, le bénéfice des infrastructures c'est pour les touristes, le bénéfice financier c'est pour les promoteurs immobiliers et les consortiums "sportifs" qui investissent massivement l'argent du contribuable à leur seul profit.


Suivant les secteurs touristiques la population n'est pas logée à la même enseigne.


La presque totalité des stations de ski est excentrée d'une ville ou d'un village duquel elles dépendent, ça ne fonctionne que cinq mois dans l'année dont trois forts, période durant laquelle il est indispensable d'engranger le maximum d'argent pour compenser les infrastructures.


Les autochtones se chargent d'entretenir les installations qui, souvent, servent aussi en été pour le tourisme de randonné et d'escalade.


Autres formes bien moins lucratives puisque ne nécessitant pas d'équipement personnel couteux, souvent du tourisme "caravanier" ne dépensant que le stric minimum en vivant en autarcie.


Pour l'été c'est une autre forme de tourisme.


2002, Mars, IHUEL François, chauffeur Cityrama, Mont StMont Saint Michel Avril 2001.


Une forme de tourisme de masse qui exploite les clients "gogos" jusqu'au dernier centime exploitable.


Ce fut une journée mémorable, j'ai pris en charge mes clients à 4h30 du matin Place des Pyramides à Paris, plus de 6h00 de route avec arrêts pipi compris bien qu'il y ait des toilettes dans les cars.


Arrivée aux environs de midi juste le temps d'aller déjeuner dans un restaurant spécifique imposé par l'agence de voyage, visite du site de 13h00 à 15h30 par les clients, presque tous japonais du reste et très friands des balades en car à tel point que je me demande s'ils ne font pas ces déplacements que pour cette raison, l'appareil photos fait le reste.


Le Mont Saint Michel en pleine saison c'est pire que le RER aux heures de pointe, ce qui n'est pas le cas sur cette photo. 


Mes clients de cette journée ont réservé pour la semaine "Château de la Loire" sur sept jours la semaine suivante.


Mon chauffeur de remplacement, devant arriver à Pontorson par les transports publics, n'est jamais venu, il s'est trompé de train à Montparnasse et s'est retrouvé à Bordeaux, trop tard pour venir me relever et prendre le train pour rentrer à Paris.


16h30 départ du Mont Saint Michel, j'ai conduit un Néoplan à l'aller je vais conduire un Setra deux niveaux au retour avec un autre disque, ce qui est illégal et interdit mais impossible de faire autrement. (Il y a prescription depuis)


Arrêt à Lisieux pour le diner puis arrivée à Paris à 23h30.


Une journée bien remplie, le lendemain Versailles avec des américains et ainsi de suite jour après jour en cette période où je me suis retrouvé à la retraite des chemins de fer.


De 1983 à 2001 j'ai eu deux emplois simultanés, un à conduire les trains sur le RER "A" et l'autre à conduire les cars, visite de paris, région parisienne (Châteaux Rambouillet, Chantilly, etc.) Paris By-night, cabarets Moulin-Rouge, Lido de Paris, Folies Bergères etc. Sans un jour de congé ni vacances, juste deux jours par mois passés à Briançon.


J'ai donc pu approfondir les effets du tourisme de masse et les effets financiers considérables qui alimentent le commerce.


Je suis bien placé pour savoir qu'un touriste c'est d'abord un raport financier avant d'être un "visiteur" de notre magnifique pays.


Fonction du moyen de paiement les spécialistes des agences de voyage ciblent leurs clients et les orientent de façon à en tirer le maximum, j'ai été très incrusté dans ce milieu qui consiste à s'enrichir sur le tourisme, c'est édifiant.


De la même façon j'ai vécu au plus près les fonctionnements des grands cabarets pour savoir comment la vision du tourisme est en étant de "l'autre côté de la porte", c'est tout aussi instructif.


Car SilvestreJuin 2012 Briançon. (Photo prise au Pontillas à La Salle les Alpes)


La finalité d'une carrière bien remplie, un métier très intéressant et très prenant.


Il est difficile d'arrêter, la retraite c'est une grosse fracture entre deux modes de vie surtout quand on a une vie active et diversifiée.


Déjà, là, on ne parle plus de grands trajets avec des groupes touristiques, d'autres chauffeurs plus à même de résister à cette pénible contrainte, pour moi, prennent la relève et tant mieux.


Finir en transportant des touristes pris en charge dans les aéroports ou les gares (Turin, Grenoble, Oulx et autres) est aussi très enrichissant, c'est en faisant le rapprochement d'avec ceux que je transportais en 1980 et ceux que je transporte aujourd'hui que je constate l'énorme déviance du tourisme de masse.


Soit qu'on les dépose au Club-Med ou dans les stations de ski on réalise à quel point l'obséquiosité a remplacé la convivialité, on ne reçoit plus, dans les complexes hoteliers, des vacanciers venus changer d'air, on prends en charge des clients en soignant l'accueil à un tel point que ça devient artificiel.


Dans l'hôtellerie touristique tout devient artificiel, ce ne sont plus des vacances c'est une organisation millimétrée et calculée, tout gravite autour du gain, le moindre prétexte est exploité pour transformer en argent ce qui ne devrait être que du service et de la convivialité, jusqu'à l'accueil pour les tout petits qui est exploité financièrement, ça en devient presque écoeurant.


Derrière tout ça des promoteurs immobiliers, les principaux décideurs, puis viennent les commerces du tourisme, ceux qui ne fonctionnent que pour et par le tourisme, des milliers d'objets divers, beaucoup en provenance de Chine, achetés pour des sommes dérisoires et vendus à prix dépassant quelque fois l'entendement. Et bien ça marche.


Viennent ensuite les municipalités qui exploitent le tourisme, cette manne quasi inépuisable est bonne pour tout, certains maires feraient n'importe quoi pour récupérer de l'argent du tourisme de masse.


Ce qui rejoint quelques unes de mes pages antérieures, l'argent du tourisme ne profite qu'à ceux qui en vivent et non a ceux qui le font vivre.


C'est un piège à maires mais c'est aussi un piège pour les villes et villages qui en vivent, les administrés ne profitent pas de cette manne financière, d'ailleurs une grande partie des stations de ski sont toujours limite finances, les finances, elles, vont ailleurs.


4c70M4pkBG3is4F-XZZmlaOcl0QRoute des vacances. 

 

Mais pas forcément du bonheur.


L'Etat grand gagnant du tourisme de masse, quand on constate aujourd'hui qu'il faut compter à peu près autant de dépense pour le péage que pour le carburant, je comprends pourquoi l'Etat n'est pas trop pressé de revoir le problème des péages autoroutiers, ces derniers mis en place, à l'origine en 1967, pour entretenir les autoroutes, sont d'un rapport financier colossal, c'est le Jackpot à chaque tour de roue de moto, de voiture, de car ou de camion, c'est une monumentale arnaque officielle régie par une réglementation de l'Etat, c'est du vol autorisé à l'état pur sans possibilité de pouvoir s'y opposer.


Sauf prendre les nationales, bientôt limitées en vitesse à 80 km/h, non par sécurité mais pour inciter à prendre l'autoroute très lucrative, truffées de radars pour compenser l'impossibilité de péage (Une forme de péage puisque la signalisation est tellement merdique que même le plus expert des conducteurs s'y perd) qui multiplient le temps de parcours par deux.


J'emprunte souvent les nationales, d'une part on peut s'arrêter quand on veut, d'autre part où on veut en faisant le choix de sa halte.


Sur autoroute, les aires de repos sont également sévèrement réglementées par les normes draconiennes imposées par l'Etat, tout y est largement plus cher et la surveillance est constante.


Pour ceux qui l'ignorent encore, dès que vous entrez sur l'autoroute vous êtes suivi et pisté de bout en bout par vos tickets de péage, vos achats, les radars, les préposés au guichets des péages et la vidéosurveillance très répandue mais pas forcément pour la sécurité.


Partir en vacances c'est devenu un chemin de croix obligé pour ceux qui veulent montrer qu'ils en ont les moyens, même ceux qui ne les ont pas.


Autour de cela gravite l'achat des chaines l'hiver, la monte de pneus neige qui ne rouleront que quelques centaines de kilomètres par an (Sauf pour les montagnards mais là c'est largement justifié).


Le passage au garage pour faire vérifier la voiture, avec force scoops télévisuels pour inciter les gens à cet incontournable détour chez le garagiste qui va toujours trouver quelque chose qui ne va pas pour vous facturer deux heures de main-d'oeuvre à 58 Euros l'heure après avoir rempli le réservoir de lave-glace et avoir changé deux ou trois lampes "fatiguées" avec force explications techniques auxquels la plupart n'y comprennent rien.


Ensuite les assurances pour le ski, la plus renforcée pour passer de bonnes vacances sereinement sans se douter qu'assurance ou pas la sécurité ne dépend que de la façon de se comporter.


Puis le matériel, trop, beaucoup trop à tel point que quand je vois certains vacanciers arriver je me demande s'ils n'ont pas emmené la moitié de leur appartement.


La veille du grand jour, plein de carburant pour éviter la surenchère autoroutière sauf à sortir de l'autoroute pour faire le plein, l'anxiété de savoir si on a rien oublié et dodo avant de prendre la route.


Enfin, dodo, pas pour tout le monde, le plus stressé c'est le ou les chauffeurs suivant qu'on est seul ou pas à conduire. Une nuit plus blanche que sereine, un départ dans l'oppression de vouloir à tout prix éviter les embouteillages en partant avant le petit jour avec juste un café dans l'estomac.


Mais comme tout le monde fait la même chose à sept heures du "mat", arrivé à Beaune après quatre heures de route, les yeux qui piquent et la nuque raide d'une mauvaise courte nuit, on commence à galérer dans les bouchons (Pour un trajet en provenance du Nord, ça existe aussi ailleurs).


Ça se débloque à la sortie de Châlon mais ça recommence vers Tournus jusqu'à Macon puis ça roule bien et on fonce (60/80 km/h) pendant cinquante bornes et l'enfer du péage subit ses effets dès cinquante kilomètres avant les barrières de Villefranche.


Que du bonheur.


Passé ce poste d'impôts obligatoires on se dit qu'en prenant par la rocade Est on évitera Lyon, oui, on va bien éviter Lyon mais pas les embouteillages puisque tout le monde se dit la même chose.


Alors on recommence à "accordéonner" entre deux camions qui puent et des cars dont les mômes font des bras d'honneur aux automobilistes rendus aigris par cette route qui n'en fini pas.


Derrière, les gamins "chouinent" ou font montre d'impatience, les jeux vidéo c'est bien mais ça engourdit les doigts.


Madame voudrait bien qu'on s'arrête pour répondre aux exigences de la nature ne pouvant, comme ces messieurs, se contenter d'un arbre isolé pour peux qu'on en trouve sur l'autoroute. 


Une journée là-dedans ça vaut bien une semaine de travail sauf qu'au boulot on gagne de l'argent, là on en perd. 


Du haut de mon camion, ou de mon car, je savoure, plus en camion qu'en car, la liberté de mouvement n'est pas la même.


Du haut de mon perchoir j'ai une vue plongeante sur la vie française dans toute sa splendeur.


Une voiture c'est génial, en même temps domicile, objet de déplacement et de suprématie, beaucoup d'ailleurs pour ce dernier point, ce qui fait le ravissement des vendeurs de voitures, mettre en avant le statut social à travers sa voiture.


En dehors de ceux qui ont vraiment les moyens (Ceux qui justement se foutent royalement d'en imposer) et ceux qui ont l'agent facile des trafics en tous genre, une bonne partie des voitures qui roulent ne sont pas à leur propriétaire, du moins pas encore ou peut-être jamais si on en change souvent.


C'est aussi une façon de faire du tourisme voyeuriste, étaler devant les autres la richesse de sa banque ou de sa société de crédit, si chaque voiture en leasing ou frappée d'un crédit avait le logo de la société qui la finance à coup sûr on aurait, sur les routes françaises, le plus formidable placard publicitaire de la finance sur des milliers de kilomètres et en permanence.


C'est aussi une des facettes du tourisme de masse, bouffer du Mac-Do pendant onze mois pour frimer le douzième (En deux parties, une en été une en hiver) et montrer aux autres touristes qu'on a les moyens de ne pas se priver pendant une semaine l'hiver et deux semaines l'été.


Tiens, une anecdote :


Je me marre parce qu'en 1977, plongeur saisonnier dans l'ile d'Oléron, où j'habitais alors, une famille venait d'arriver, un couple et trois garçons.


J'ai rarement vu une pareille parodie de la connerie humaine, les trois premiers jours la père a étalé ses billets de 500 frs sur la table du restaurant, faisant semblant de les compter il s'arrangeait pour que tout le monde les voit.


Plateaux de fruits de mer bien garnis, Gros-Plan (Vin blanc nantais de qualité) sans restriction, doubles desserts, le tout avec force cigares à 10 balles pièce (Enorme pour l'époque).


Plage le matin, repas restaurant et plage l'après midi, soleil façon merguez, dix minutes de cuisson de chaque côté alternativement, retourner souvent pour pas que ça attache et pour être bien bronzé partout. (Presque partout, la mode à poil n'existait pas encore à grande échelle)


The touriste dans toute sa splendeur.


Le dixième jour on ne les a plus vu à table sur la terrasse pas plus qu'en salle mais un des gamins est ressorti de la supérette voisine avec des victuailles en conserve. (Sans commentaire)


La voiture, une DS 21 noire rutilante (Comme celle du Général De Gaulle) ne bougeait plus alors qu'elle allait à la plage tous les jours la première semaine, nous étions juste avant le 15 août.


Le 20, notre touriste est venu régler sa chambre, un grand lit, deux petits plus un rajouté, alors qu'il n'avait pas fini son séjour.


Le 22 il a rendu la tente, qu'il avait loué au camping municipal pour deux jours, et est venu me voir.


Le restaurant dans lequel je travaillais, La Pérrotine à Boyardville, donnait sur le chenal.


boyardville-ile-d-oleron-le-chenal-de-la-perrotine.jpgLe deuxième établissement.


J'étais nourri, logé puisqu'habitant à Saint Pierre je ne voulais pas rentrer tous les soirs qui se finissaient souvent à plus d'une heure le lendemain pour reprendre le boulot à six, et blanchi.


Sept jours sur sept.


La plonge, l'économat dont j'étais chargé et les viviers (Crustacés et fruits de mer vivants) était au niveau de la route inférieure, la cuisine et les salles à manger étaient au-dessus.


J'ai donc vu arriver par l'arrière du restaurant ce Monsieur vers trois heures de l'après-midi, je n'avais pas fini ma plonge.


Avec un air doucereux il m'a demandé si je n'étais pas intéressé à acheter du matériel de plongé (Tubas et masques, et de plage) m'expliquant qu'il ne voulait pas s'encombrer à ramener tout ça à Paris, ce que je comprenais facilement.


N'étant plongeur que de cuisine et seulement à 45 cm je lui ai répondu négativement que je ne plongeais pas en eau plus profonde que ma plonge, ce n'était vraiment pas le genre d'achat que j'aurais fait puisque mes loisirs étaient inexistants. 


Il est reparti puis revenu dans la soirée, il m'a alors expliqué qu'il avait quelques soucis d'argent et qu'il lui fallait vendre ce qu'il avait acheté "superbement" trois semaines avant avec une suffisance frisant le mépris pour les autres.


Je lui ai demandé où donc étaient passé tous ces beaux billets étalés devant tout le monde et si généreusement dépensés en frime.


Il m'a expliqué qu'il n'avait pas bien calculé ses dépenses (A mon avis il ne les a même pas calculé du tout) et s'était laissé avoir par les commerçants, il devait une ardoise à la supérette et n'avait plus d'argent pour payer l'essence du retour à Paris.


Je me suis bien marré mais ne l'ai pas laissé paraître, je n'avais pas encore l'expérience de la vie comme aujourd'hui, mais je lui ai conseillé de voir celui qui lui avait vendu tout ce beau matériel.


Ce dernier m'a dit plus tard qu'il lui a repris le tout pour le montant d'un plein d'essence, en m'expliquant que des guignols de ce genre il en voyait tous les étés.


C'est une des facettes du tourisme à crédit et de ceux qui se "la pète" pour montrer aux autres la richesse de leur banque.


Ce n'est pas une généralité heureusement, mais j'en ai vu beaucoup de ces oiseaux frimeurs qui ont l'appétit plus grand que le porte-monnaie. 


Fin de délire personnel 


100 6620Image attirante.


Quand on passe des mois de malsaine promiscuité dans les transports en commun, bus, métro ou RER, à dix au mètre carré, à respirer les miasmes des autres et les pets confinés dans un air vicié qui défie toutes les lois de l'Hygiène, à supporter l'écoeurant parfum outrancier de ceux qui ne se lavent pas et les effluves du soir, transpiration, sous vêtements en délire, relents de bière, de pinard et/ou de tabac froid à faire dégueuler un bouc, quand on a galéré une heure et demi avant d'arriver dans son cube dortoir à supporter la télé du voisin qui gueule et les cris des branlés filées aux gosses d'autres, on est fatalement attiré par cette belle image (Photo personnelle prise de Monêtier les Bains) qui aspire au repos et à la paix.


La vie citadine est très génératrice de tourisme de masse, plus on "morfle" dans la vie courante et plus on a envie de partir sous des cieux plus calme.


Les spécialistes du tourisme l'ont bien compris, la vie en ville ce n'est pas que du bonheur et j'en ferai une page (Même plusieurs, j'ai des souvenirs mémorables et inédits) sur tout ce que j'ai vécu et vu vivre, j'ai des réserves mémorisées pour des années.


J'ai eu cette chance, ou cette malchance comme on voudra, d'avoir des tas de métiers (Sept plus des petits boulots) et des tas d'employeurs (cinquante trois) dans toute la France, riche de tout ce que j'ai pu recueillir je vais passer du temps à mettre tout ça sur mon blog.


Certains diront que je suis un instable, ce qui est certainement vrai, ou que je suis un fantaisiste, ce qui est vrai aussi, mais j'ai appris plus que je ne l'aurai jamais imaginé en 1965 quand j'ai eu mon premier emploi.


C'est donc en toute connaissance de ces choses que je mets sur ce blog certaines anecdotes de ce que j'ai vécu, il y en a de reste, vous apprécierez si vous continuez à me suivre ou pas si vous vous détournez de mon blog, cette période électorale finissante va me libérer de mes remarques politiques, plus que quelques jours et je vous raconterai ma vie (Avec ou sans trou)


Merde, déjà sept heures que je suis sur cette page !


La suite dans deux ou trois jours sauf actualité politique.


Bon dimanche.


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O
<br /> Ouai c'est sûr ! <br />
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F
<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Vous n'auriez pas aimé le conduire ce petit train ? <br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
F
<br /> <br /> Peut-être, mais pas étant jeune, c'est un travail de retraité, le petit train de St Trojan ne va pas bien vite et ne fait que peu de chemin, mes horizons sont nettement plus vastes <br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Ah le tourisme... toute une histoire !<br /> <br /> <br /> Oléron et son petit train... je le prenais tous les jours... j'avais dans les 6/7 ans, et je restais des heures à regarder les rouleaux ! j'ai adoré Oléron... jamais retourné depuis !... faudrait<br /> que j'y amène mes petits enfants !<br />
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F
<br /> <br /> C'est une belle ile, je crains cependant que l'immobilier intensif n'y ait aussi fait quelques dégâts<br /> <br /> <br /> <br />